Chine - Des hôpitaux modèles clés en main
Pour pallier les insuffisances de ses structures hospitalières, le gouvernement chinois encourage désormais l’implantation d’hôpitaux étrangers. Pour être acceptées, ces structures devront proposer des technologies et des équipements médicaux de pointe, des concepts de gestion hospitalière au meilleur niveau international. Elles seront ainsi des références et des modèles pour les structures nationales. Compte tenu de la méfiance que la Chine entretient à l’égard des présences étrangères, ce n’est encore là qu’une opération pilote, ces hôpitaux ne pouvant s’implanter que dans les neuf villes chinoises les plus internationales.
To make up for the shortcomings of its hospital facilities, the Chinese government is now encouraging the establishment of foreign hospitals. To be accepted, these facilities will have to offer state-of-the-art technology and medical equipment, as well as hospital management concepts of the highest international standard. In this way, they will become benchmarks and models for domestic structures. Given China's mistrust of foreign presence, this is still only a pilot operation, as these hospitals can only be set up in China's nine most international cities.
FAITS
Un avis publié sur le site web du gouvernement municipal de Shanghai détaille le plan d'action qui rend possible l’implantation et l’exploitation d’hôpitaux étrangers. Il précise quels seront les investisseurs éligibles et les exigences opérationnelles qui leur seront imposées.
Ces hôpitaux seront autorisés à s'installer dans la zone pilote de libre-échange, la zone spéciale de Lingang, le quartier d’affaires international de Hongqiao et la zone de coopération commerciale internationale d’Oriental Hub1.
ENJEUX
Prenant conscience des insuffisances du système hospitalier, et reprenant la stratégie qui lui a permis de se saisir de savoir-faire industriels étranger qui lui faisait défaut, Pékin ouvre ses portes aux meilleurs groupes de santé internationaux. Par capillarité, ils lui permettront de moderniser et de profondément transformer ses structures hospitalières. Que l’on ne s’y trompe pas, les résultats se feront attendre et, c’est un rendez-vous à moyen terme, 2035, qui est ainsi donné au système de santé du pays.
COMMENTAIRES PROSPECTIFS
Shanghai n’est que la première communauté à mettre en œuvre le programme pilote qui rend possible, mieux, encourage, l’ouverture en Chine d’hôpitaux entièrement étrangers. Un texte publié conjointement dans les derniers jours de novembre 2024 par la commission nationale de la santé de Chine, le ministère du Commerce, l’administration d’État de la médecine traditionnelle chinoise
Ce sont les meilleures plates-formes mondiales qui sont attendues. Pour être acceptées, elles devront proposer des technologies et des équipements médicaux de pointe, des concepts de gestion hospitalière et des modèles de services au meilleur niveau international.
Pour s’assurer des pratiques les plus avancées, désormais, les lois chinoises autorisent les entreprises étrangères à mettre en œuvre des traitements avancés faisant appel aux cellules souches, aux technologies génétiques et à promouvoir ainsi la médecine de demain.
Tout ne sera pourtant pas permis, et on peut détecter quelques relents d’idéologie ou de méfiance quand ces hôpitaux se voient écartés de domaines médicaux jugés sensibles : l’hématologie, les transplantations d’organes, les techniques de procréation assistée, et plus généralement, toute activité, tout diagnostic ou traitement présentant des risques éthiques. En outre, sont refusés la création d’hôpitaux psychiatriques, d’hôpitaux pour maladies infectieuses ou encore de médecine traditionnelle chinoise. Enfin, ce qui ne surprendra pas, tout établissement tourné vers les minorités ethniques2.
Le cadre est là, mais l’ouverture du système hospitalier à l’étranger est décrite comme une opération pilote. C’est ce que révèlent les critères de choix des régions et plus précisément des villes où des hôpitaux étrangers pourront s’implanter : seulement dans les métropoles des provinces les plus ouvertes sur le monde extérieur, à savoir, Pékin, Tianjin, Shanghai, Nanjing, Suzhou, Fuzhou, Guangzhou, Shenzhen et Hainan.
Les réticences de la profession
Ces percées étrangères sont très naturellement sources d’inquiétudes et probablement de refus dans la profession. On ne les percevra pas directement, la société chinoise ne le permet pas, mais ils transparaissent dans l’excès des justifications qui fleurissent dans les médias autorisés accessibles sur la Toile.
Ils se veulent rassurant : les hôpitaux financés par des fonds étrangers n’auront pas un grand impact sur le système médical chinois à court terme car de trois à cinq ans s’écouleront entre l’accord donné et l’ouverture d’un hôpital, et plus de temps encore pour qu’il trouve toute sa place dans son environnement. Les infrastructures de santé disposeront de tout le temps nécessaire pour observer, apprendre et se préparer au changement.
Pour le directeur de la Commission nationale de la santé, Lei Haichao : « Dans le contexte de la demande croissante de services médicaux, toutes les parties s’attendent à ce que l’arrivée d’hôpitaux financés par l’étranger exerce un “catfish effect” amenant les acteurs chinois à se tourner vers de nouveaux concepts médicaux, des traitements avancées des mécanismes de gestion assouplis au bénéfice des patients. »
Un journaliste du Yangcheng Evening News qui a pu recueillir les attentes positive de nombre d’hôpitaux, synthétise ainsi leur sentiment : « Alors que la concurrence sur le marché médical s’est accrue, nous pourrons acquérir une expérience de gestion avancée pour promouvoir le développement de l’ensemble de l’industrie. C'est bien sûr une bonne chose de pouvoir obtenir des services médicaux de niveau international. »
De leur côté, les grands groupes hospitaliers mondiaux se réjouissent des opportunités qui leur sont ouvertes. Raffles Medical Group est l’un des principaux fournisseurs de soins de santé privés intégrés en Asie, et exploite actuellement trois hôpitaux à Shanghai, Pékin et Chongqing. Kenneth Chung, directeur général de l'hôpital de Shanghai déclare au Global Times : « La nouvelle politique est encourageante et nous continuons à chercher d'autres projets de haute qualité en Chine »3.
À ce qui vient d’être rapporté, un codicille. Il n’y a pas de programme structurel chinois qui n’inclut pas Taïwan, et dans ce programme pour le renouveau du système hospitalier, les investisseurs taïwanais sont les bienvenus. Le magazine d’affaires Fortune est là pour rappeler que l’accord-cadre de coopération économique entre les deux rives du détroit de Taiwan de juin 2010, inclut la clause selon laquelle « les capitaux taïwanais peuvent établir des hôpitaux en propriété exclusive à Hainan, Fujian, Guangdong, Jiangsu et Shanghai sur la base du continent. »
Edouard Valensi, Asie21
- Shanghai tries out foreign-funded hospitals, a move to boost healthcare sector opening-up, Global Times, 08/01/2025
- La Chine autorise l'établissement d'hôpitaux à capitaux entièrement étrangers dans les grandes villes, Xinhua french, 30/11/2024
- GT staff reporters, Shanghai tries out foreign-funded hospitals, a move to boost healthcare sector opening-up, Global Times, 08/01/2025
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