Corée du Nord - États-Unis - Israël : Un État responsable ?

Des missiles F-7, armes légères nord-coréennes, ont été vus à Gaza. Pyongyang en nie l’existence et sans chercher à en expliquer la présence, affirme qu’il s’agit là d’une invention, une tentative de Washington pour- rejeter sur un pays tiers la responsabilité de la crise du Proche-Orient, alors que c’est la sienne. Pour mieux accabler Washington, Pyongyang veille à ménager Israël avec un seul objectif : être perçu comme un État responsable qui reste à distance du terrorisme.

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FAITS

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L’agence de presse officielle de la Corée du Nord, KCNA, a qualifié les allégations de Radio Free Asia, selon lesquelles des armes nord-coréennes auraient été utilisées dans les attaques du Hamas, de « rumeur infondée et fausse ». Ce n’est « rien d’autre qu’une tentative de Washington de rejeter sur un pays tiers la responsabilité de la crise du Moyen-Orient dont elle est responsable et d’échapper ainsi aux critiques internationales1. » Et pourtant les armes sont bien là

ENJEUX

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Pour Pyongyang, être reconnu comme un État responsable, à distance du terrorisme. Un pas de plus pour un retour dans la communauté internationale.

COMMENTAIRES PROSPECTIFS

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Des armes nord-coréennes se trouvent à Gaza, n’en déplaise à Pyongyang. L’information est exacte et prouvée.

Un cliché de l’armée israélienne montre un alignement de roquettes F-7 sol-sol de 85 mm.

Une vidéo du Hamas montre un de ses militants porteur d’une roquette, une arme moderne et redoutable.

Ces armes sont bien là, mais il ne semble pas qu’elles aient été directement cédées par la Corée du Nord. Les experts en conviennent, elles ont plutôt transité par l’Iran ou la Syrie. En effet, ces pays sont dotés de cette grenade, que l’on retrouve couramment dans les arsenaux des pays du Proche-Orient ayant d’anciens liens avec la RPDC.

Pyongyang à propos de Gaza
C’est une position réfléchie qui a été retenue par la RPDC sur le conflit qui s’est ouvert à Gaza. L’organe officiel du parti communiste, Rodong Sinmun, se contente d’écrire : « Un conflit armé de grande ampleur s’est produit entre le Hamas de Palestine et Israël », sans préciser quelle partie avait lancé les premières attaques. Prudent, il cite la presse étrangère pour mettre Israël en accusation : « La communauté internationale affirme que cet affrontement est le résultat des actes criminels constants d’Israël à l’encontre du peuple palestinien. »

En revanche, Pyongyang est véhément pour mettre en cause les États-Unis. KCNA, l’agence centrale de presse nord-coréenne, affirme : « Les États- Unis devaient être tenus pour responsables du conflit Israël-Hamas ». Et plus loin : « Il est prouvé que les États-Unis ne sont pas un “médiateur”, mais un démolisseur de la paix au Proche-Orient, et qu’ils ne sont pas un partenaire mais un ennemi de l’Arabie. Les États-Unis conduisent le Proche-Orient au bord de la guerre en choisissant un engagement de soutien militaire inébranlable à leur allié, et non une solution politique à la crise régionale3. »

Après avoir rappelé qu’elle était favorable à la coexistence de deux États, et pour qu’il soit bien établi qu’elle reste à distance du Hamas, KCNA rappelle qu’une nouvelle fois les États-Unis ont délibérément recours à une campagne de diffamation stéréotypée contre la RPDC, pour l’impliquer dans la récente crise du Moyen-Orient. « Les organes de presse reptiliens et les quasi-experts de l’administration américaine répandent la rumeur fausse et sans fondement selon laquelle les armes de la Corée du Nord auraient été utilisées lors de l’attaque contre Israël. Ils veulent faire croire à l’opinion publique que la RPDC a recours à une stratégie de la diplomatie du chantage pour faire monter la tension régionale. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative pour rejeter la responsabilité de la crise du Moyen-Orient sur un pays tiers alors qu’elle a pour origine sa politique hégémonique. La politique de l’empire du mal. »4 

Pourquoi cette véhémence ?
Des armes nord-coréennes sont présentes à Gaza, mais la Corée du Nord ne peut pas laisser croire que c’est elle qui a armé le Hamas. Plutôt qu’argumenter et mettre en cause ses alliés, elle nie l’évidence, ménage Israël pour mieux accabler les États-Unis. Avec un seul objectif : être perçue comme un État responsable qui reste à distance du terrorisme. Peut-on le croire ?

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Edouard Valensi, Asie21

(1)  Pyongyang réfute l’utilisation d’armes nord-coréennes par le Hamas, KBS,13/10/2023
(2) https://infos-israel.news/avec-30-canons-anti-aeriens-nos-forces-scellent-la-cloture-de-gaza/
(3) Clear is the U.S. sinister intention, OANA, 13/10/2023
(4) Ibidem

Encadré 1
Des armes légères made in RPDK

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Les projecteurs dirigés vers les armes nucléaires nord-coréennes, ont laissé dans l’ombre les programmes portant sur les armes conventionnelles qui conditionnent le premier niveau de défense dont la RPDC ne peut pas se passer. Poussée par la nécessité et sans trop attirer l’attention, la RPDC a su développer des armes légères performantes quelle peut produire en masse.

La Corée du Nord ne fait pas mystère de sa présence sur le marché des armes. Selon une source officielle anonyme : « de nombreux pays demandent nos armes : l’Iran, la Syrie, l’Égypte et le Qatar1. »  Au regard des sanctions prises par le Conseil de sécurité, c’est de la contrebande, et il est avancé que ces armes sont acheminées jusqu’en Chine, cachées dans des cargos transportant du minerai, d’où elles sont réexpédiées vers des pays tiers. Il est donc impossible de connaître les volumes exportés. On constate tout au plus que lorsque des envois sont interceptés, les armes légères qui constituent les chargements se comptent par dizaines de milliers.

Les envois vers la Russie sont la preuve de ces capacités d’exportation. Pour John Kirby, porte-parole du département de la Défense des États-Unis, « entre le 7 septembre 2023 et le 1er octobre 2023 pas moins de 1 000 containers de munitions et de missiles auraient été livrés à la Russie et acheminés jusqu’en Ukraine ». Il a donné pour preuve des photos montrant le suivi de navires russes jusqu’à leur déchargement.

Ce que l’on sait des armes présentes à Gaza donne un aperçu des exportations nord coréennes.
Les roquettes F-7 sol-sol de 85 mm sont des armes modernes, redoutables. Leur tête est à fragmentation à haute explosivité (HE). Elles sont stabilisées par aileron et vrille, avec un système d’allumage à inertie à impact armé par un système de recul. La roquette est utilisée avec le lanceur d’épaule RPG7.

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Dans l’arsenal du Hamas, s’ajoutent à ces armes au moins des missiles antitanks, les Bulsae-« Phoenix » dérivés du « Fagot » soviétique.

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Ces missiles sont dotés d’une tête HEAT High Explosive Anti-Tank qui peut percer des blindages d’acier de 400 à 500 mm. Sa portée est d’environ 2 000 à 2 500 m. Le Phoenix est doté d’un système de guidage semi-automatique : il suffit que le tireur maintienne le réticule sur la cible pour que le système de guidage guide le missile sur la cible.

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(1) North Korea Ramps up Arms Sales to Russia, Iran, Syria, and Others, The Diplomat,05/09/2023

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