Des missiles sol-air chinois pour la Serbie
Les batteries d’intercepteurs sol-air chinois de moyenne portée FK-3 livrées à la Serbie en avril 2022 constituent non seulement une nouvelle percée de la Chine dans la partie balkanique de l’Europe, mais un défi lancé à l’Union européenne et à l’OTAN.
C’est un pont aérien de six avions de transport lourds Y-20 qui a délivré à la Serbie, début avril 2022, des missiles sol-air moyenne altitude FK-3 chinois. C’est la version exportée du système sol-air chinois HQ-22 entrée en service en 20171.
Ce système d’arme anti-aérien est proche du système américain Patriot, sans toutefois atteindre ses performances. C’est une batterie qui se compose d’un véhicule radar et de trois véhicules de lancement porteurs chacun de quatre missiles. La batterie peut engager simultanément jusqu’à six cibles : missiles balistiques et de croisière, avions, hélicoptères et drones. Les missiles sont guidés par un radar semi-actif, leur vitesse atteint mach 6 et leur portée maximum est de 150 kilomètres.
Selon Global Times, « le FK-3 va considérablement renforcer les capacités de défense de la Serbie, à un moment où l’OTAN divise le monde et complique la situation sécuritaire autour de la Serbie. » De son côté, saluant cette arrivée, le président de la Serbie, Aleksandar Vučić, a déclaré : « La Serbie a trouvé sa propre voie en se basant sur la volonté de son peuple, fier d’avoir protégé son propre pays par lui-même plutôt que de laisser l’OTAN le faire en son nom2. » Le Président a même ajouté : « la Serbie est un pays militairement neutre et préfère être un “loup solitaire” plutôt qu’une “hyène éhontée et immorale” comme l’OTAN ».
Voilà un nouveau séisme dans la partie balkanique occidentale de l’Europe, un troisième point d’ancrage de la Chine à côté de la Hongrie et de la Grèce. Il est clair que l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne ne sera pas pour bientôt. L’Allemagne, le lendemain même de l’annonce le lui a fait savoir : « Par principe, l’attente du gouvernement fédéral vis-à-vis de tous les pays candidats à l’Union européenne est qu’ils doivent rejoindre la politique étrangère et de sécurité commune ». Par ailleurs, au grand dam de l’Union européenne, la Serbie soutient, sans l’affirmer ouvertement, le désir d’émancipation de la Republika Srpska, l’entité serbe de la Bosnie-Herzégovine. La Republika Srpska va accentuer sa demande d’autonomie et pourrait même demander son indépendance ou une intégration à la Serbie. Nul doute que Moscou et Pékin soutiendront les autorités de Banja Luka. Des soucis en perspective pour les capitales occidentales.
Edouard Valensi Asie21
Edouard.valensi@gmail.com
(1) Serbia confirms procurement of Chinese FK-3 air defense missile system, Global Times, 13 avril 2022
(2) https:/www.dwnews.com, 14 avril 2022
